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Hausse des troubles psychosociaux

jeudi 25 janvier 2018, par Jeanne HILLION

L’assurance maladie publie mardi 18 janvier 2018 une étude sur l’ampleur des troubles psychosociaux. Le risque est particulièrement élevé pour les femmes et les employés des maisons de retraite, des hôpitaux et des transports.

A retenir : Environ 600 affections psychiques (sur 1.100 demandes) ont été identifiées comme maladie professionnelle en 2016. L’étude révèle également que le nombre de suicides reconnus en accidents du travail "oscille annuellement entre 10 et 30".
tout d’abord, qu’est-ce que les risques psychosociaux ? Risques psychosociaux : Les risques psychosociaux (RPS) correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non :

du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;
des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;
des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).

Sous l’effet des mutations du monde du travail telles que la complexité grandissante des tâches, la réduction des temps de repos, l’individualisation du travail ou encore les exigences accrues de la clientèle, la prise en compte des risques psychosociaux est devenue incontournable.

Troubles de la concentration, du sommeil, irritabilité, nervosité, fatigue importante, palpitations… Un nombre grandissant de salariés déclarent souffrir de symptômes liés à des risques psychosociaux. Le phénomène n’épargne aucun secteur d’activité. Indépendamment de leurs effets sur la santé des individus, les risques psychosociaux ont un impact sur le fonctionnement des entreprises (absentéisme, turnover, ambiance de travail…). Il est possible de les prévenir.

Ils sont bien décrits parAgence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

 [1]

Selon une étude de la branche AT-MP des risques professionnels de l’Assurance-maladie, en 2016, 10 000 accidents du travail pour "troubles psychosociaux" ont été recensés sur un total de 626 000 accidents du travail avec arrêt. Ces troubles psychosociaux ont engendré une dépense annuelle de 230 millions d’euros, à comparer au milliard d’euros des lombalgies et aux 800 millions d’euros des TMS.
Si les chiffres et dépenses paraissent faibles au regard des autres sinistralités, le phénomène n’en reste pas moins inquiétant. D’autant plus qu’il y aurait une sous-déclaration de la nature "psychosociale" des accidents et que le chiffre serait plus proche des 20 000 cas selon l’Assurance-maladie. D’autre part, alors que le contexte général tend vers une "réduction de la sinistralité au travail, la part des affections psychiques dans l’ensemble des accidents du travail a progressé entre 2011 et 2016 de 1 % à 1,6 %".

Cette augmentation des risques psychosociaux s’accompagne d’une mutation plus globale des risques. Les conditions de travail dans les services se tendent et les employés sont la catégorie professionnelle la plus touchée (85 cas pour 1 000), devant les ouvriers qualifiés (60 cas) et non qualifiés (40 cas), les cadres et les agents de maîtrise (20 cas). Toutefois, près de 2,5 % des accidents du travail chez les cadre s et les agents de maîtrise sont la conséquence d’affections psychiques.
Les personnes les plus exposées sont les femmes trentenaires et les hommes quadragénaires. 60 % des victimes sont des femmes en raison notamment de la surreprésentation féminine dans les secteurs à risque. Les 3 secteurs d’activités les plus concernés sont le médico-social (18 % des cas) l’action sociale et santé, les transports (15 %) et le commerce de détail (13 %).

A noter, le nombre de déclarations de burn-out a quintuplé en 5 ans, passant de 200 en 2012 à 1 100 en 2016. L’arrêt moyen est de 400 jours contre 112 jours pour les accidents du travail.

Ces données devraient inciter les entreprises à renforcer la prévention.
Source : Les Echos, Le Monde, Libération, 16-17-18/01/18

• Toute la veille d’actualité du GREF Bretagne sur les conditions de travail

• L’étude, sur le site de l’Assurance-maladie

TELECHARGER le rapport


[1Le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p), coordonné par l’Anses, a regroupé progressivement depuis 2001, les 32 centres de consultation de pathologie professionnelle (CCPP) de France métropolitaine et un échantillon de neuf services de santé au travail (SST). Ce réseau a pour vocation de rassembler les données de chaque consultation au sein d’une base de données nationale sur les pathologies professionnelles (données démographiques du patient, pathologies, expositions, secteurs d’activité, professions). Les données collectées sont utilisées pour produire des connaissances et à des fins de vigilance (détection d’événements nouveaux, inhabituels ou graves) et de prévention des pathologies professionnelles. Le rnv3p consacre son rapport scientifique 2013 à la problématique de la détection de pathologies professionnelles émergentes. Ainsi, il présente sa démarche innovante « d’émergence », répertorie plusieurs signaux ainsi détectés, et leur prise en charge, ainsi que les partenariats européens conduits autour de cette thématique des nouvelles pathologies professionnelles qui dépasse les frontières de l’hexagone.