POIL DE CAROTTE

ASSOCIATION pour enfants tristes

Accueil > 2- FAMILLE > Violence intrafamiliale > enquête mars 2013 : violences commises au sein du ménage ou en dehors du (...)

enquête mars 2013 : violences commises au sein du ménage ou en dehors du ménage

mercredi 27 mars 2013, par Jeanne HILLION

Résumé
 :
Le questionnaire auto administré est la dernière sous-partie de l’enquête Cadre de Vie et
Sécurité de L’INSEE
.

L’objectif de ce questionnaire est d’interroger les personnes sur les victimations
individuelles « 
sensibles
 » qu’elles auraient pu subir, il vient ainsi en complément du questionnaire
individuel. Sont qualifiés de « 
sensibles
 »
 :

les attouchements, les agressions sexuelles ainsi que les
menaces et les violences physiques commises par une personne qui vit avec l’enquêté au moment de
l’enquête.

Les auteurs montrent d’abord que les habitants de la région PACA ne sont pas plus ou moins
touchés par ces victimations que l’ensemble des habitants de la France métropolitaine.

Ensuite, les
résultats démontrent l’importance du conjoint ou de l’ex conjoint en tant qu’auteur.

Par exemple, les
violences physiques sont pour moitié commises par une personne qui vit avec l’enquêté au moment de
l’enquête.

Les résultats montrent également que les victimes sont principalement des femmes, plutôt
jeunes, vivant le plus souvent seules ou dans une famille monoparentale.

Les auteurs mettent également
en évidence un phénomène de multivictimation ou cumul des victimations.

Enfin, les résultats
confirment la très forte sous déclaration de ces violences de l’intimité. Pour toutes ces victimations
« 
sensibles
 », moins de 15% des victimes se sont rendues dans un service de police ou de gendarmerie
et moins de 8% ont déposé une plainte en bonne et due forme.

A télécharger ici :

http://ordcs.mmsh.univ-aix.fr/publications/Documents/ORDCS_N5_V2.pdf

à noter ce commentaire des auteurs :

Sur les difficultés à parler des incidents survenus au sein du ménage

De manière générale, on sait qu’il est difficile d’enquêter et de recenser les victimations dites « 
sensibles
 », les
enquêtés pouvant avoir tendance eux mêmes à « minimiser » la violence exercée sur eux-mêmes par leurs proches (Felson, Messner, Hoskin, 1999
 ; Jaspard et al., 2003, ; Jaspard, 2011). De même, dans les enquêtes de la
région Ile-de-France, les chercheurs constatent que
 : «  la gêne, la peur des représailles et le sentiment que
l’atteinte ne regarde pas la police (illustrant l’adage suivant lequel le linge sale ne doit se laver qu’en famille) sont
au maximum dans le cas des agressions entre proches. Autrement dit, sont invoqués dans ce cas des obstacles
affectifs puissants, qui creusent la distance entre une relation privée pourtant mise à mal et des acteurs publics
dont l’intervention risque d’être perçue comme une intrusion

 » (Bon, Castelbajac, Robert, Zauberman, Névanen,
2011, 72).

Ces difficultés ressortent dans les résultats et méritent d’être soulignées ici.

En effet, pour certaines questions et
notamment celles qui concernent les faits commis par une personne qui vit avec l’enquêté au moment de
l’enquête, de forts taux de non-réponse ont été enregistrés. Ainsi, par exemple, 3 victimes sur 10 n’ont pas
souhaité préciser la nature des agressions sexuelles qu’elles avaient subi quand l’auteur est une personne avec qui
elles résident au moment de l’enquête, 1 victime sur 10 n’a pas souhaité donné le statut de l’auteur de ces
agressions sexuelles, autant pour les violences physiques. Ces taux de refus traduisent clairement la grande
sensibilité de ces victimations intra-ménages et les difficultés à répondre aux questions quand l’auteur est une
personne très proche.

Cependant, la méthode utilisée par l’INSEE pour faire passer ce questionnaire est celle qui
garantit le plus de confidentialité et qui rassemble donc les meilleures conditions pour que les enquêtés acceptent
de déclarer les faits qu’ils ont subis.