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ILS NE MOURAIENT PAS TOUS mais TOUS étaient frappés

jeudi 5 novembre 2009, par Jeanne HILLION

Les animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom),

Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n’en voyait point d’occupés

A chercher le soutien d’une mourante vie ;

Nul mets n’excitait leur envie,

Ni loups ni renards n’épiaient

La douce et l’innocente proie ;

Les tourterelles se fuyaient :

Plus d’amour, partant plus de joie.

Le lion tint conseil, et dit : "Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence

L’état de notre conscience

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,

J’ai dévoré force moutons.

Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense ;

Même il m’est arrivé quelquefois de manger

Le berger.

Je me dévouerai donc, s’il le faut : mais je pense

Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter, selon toute justice,

Que le plus coupable périsse.

- Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse.

Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce.

Est-ce un pêché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,

En les croquant, beaucoup d’honneur ;

Et quant au berger, l’on peut dire

Qu’il était digne de tous maux,

Etant de ces gens-là qui sur les animaux

Se font un chimérique empire."

Ainsi dit le renard ; et flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir

Du tigre, ni de l’ours, ni des autres puissances

Les moins pardonnables offenses :

Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L’âne vint à son tour, et dit : "J’ai souvenance

Qu’en un pré de moines passant,

La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et, je pense,

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net."

A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue

Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !

Rien que la mort n’était capable

D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine

Recueil II, livre VII

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Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés…

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Chaque semaine, dans trois hôpitaux publics de la région parisienne, une psychologue et deux médecins reçoivent des hommes et des femmes malades de leur travail. Ouvrière à la chaîne, directeur d’agence, aide-soignante, gérante de magasin...

Tour à tour, quatre personnes racontent leur souffrance au travail dans le cadre d’un entretien unique. Les trois professionnels spécialisés écoutent et établissent peu à peu la relation entre la souffrance individuelle du patient et les nouvelles formes d’organisation du travail.

A travers l’intimité, l’intensité et la vérité de tous ces drames ordinaires pris sur le vif, le film témoigne de la banalisation du mal dans le monde du travail. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés est un huis clos cinématographique où prend corps et sens une réalité invisible et silencieuse : la souffrance au travail.

l’interview :

partie 1

PARTIE 2

partie 3

partie 4

partie 5 : VIATIQUE

Pour aller plus loin :

Un Document ISTNF non validé par les intervenants et les organisateurs

Restitution de l’échange proposé par la Faculté des sciences juridiques, politiques et
sociales de Lille, le 03 février, dans les locaux de l’Université de Lille 2, entre Pierre-Yves
Verkindt, professeur de droit privé, Paul Frimat, professeur de médecine du travail et Anne
Chatfield, médecin inspecteur régional du travail Nord – Pas-de-Calais, à la suite de la
projection du film Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés.