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Bizet C.,Parler pour exister, créer des espaces de parole

mercredi 20 octobre 2004, par Jeanne HILLION

Questions autour... de la référence.

Couverture
Parler pour exister

Les parents

Pour chaque être humain, les points de référence de son existence, sont d’abord les parents. Actuellement, malgré tous les progrès scientifiques et techniques, aucun enfant ne peut naître sans un père et une mère.

Les figures de la Mère

Généralement, lorsque l’on parle de mère on pense à celle qui porte, met au monde et élève un enfant. Lorsque dans l’histoire d’un sujet plusieurs figures de mère ont existé, dans le langage des adultes et des enfants, on peut entendre parler de "vraie mère" et de "fausse mère

Il n’y a pas de "vraie mère" ou de "fausse mère". Il y a une ou des femmes, qui à tel ou tel moment de la vie d’un enfant se sont trouvées là pour lui permettre de continuer à vivre.

Et si cet enfant a persisté dans son désir d’être au monde, c’est qu’il a trouvé dans la situation de quoi soutenir ce désir de Vie.

La maternante ou mère nourricière est celle d’après la naissance, celle qui va assurer au bébé de zéro à trois ans environ, et même plus tard, les soins et la satisfaction suffisante des besoins vitaux.

Au-delà de l’aspect matériel et physique, par sa parole, par ses attitudes, par sa plus ou moins grande disponibilité, c’est elle qui va dans le meilleur des cas permettre au bébé d’acquérir le sentiment d’existence.

Quelles que soient ses qualités, c’est au travers de sa permanence que l’enfant se construit un modèle relationnel.

Dans ce registre émotionnel, affectif et relationnel apparaît le mot "maman". Pour un tout-petit, toute femme se situe dans la catégorie des mamans, même s’il a et s’il "sait" sa maman.

Mais si pour une raison ou une autre, sa maman disparaît, une nourrice, une belle-mère, une tante... peut être investie comme une maman, jusqu’à devenir sa maman, à condition toutefois que cette femme ne tente pas d’évincer ou d’annuler la "maman d’avant".

En ce sens, un enfant peut avoir plusieurs mamans. Ainsi, il arrive à des jeunes de faire un lapsus en appelant leur éducatrice, une maîtresse, un professeur "maman" sentant bien que cette femme pour lui, dans ce moment donné, a pris figure de mère.

Les adultes font couramment la confusion entre "mère" du registre de la filiation et "maman" du registre de la vie affective. Cette confusion fait que certains enfants, pour rester fidèles à une mère possessive ou culpabilisante, se refusent à aimer ou croient ne pas avoir le droit d’aimer une nourrice ou une maternante. Et s’ils le font, ils en portent une telle culpabilité qu’elle bloque leur évolution. Ils n’ont pas le droit d’aimer une autre femme, parce que personne par des paroles n’a pu leur donner cette ouverture, ouverture qui sera donnée aussi par la référence au père.

Les figures du Père

C’est en effet d’abord la mère qui nomme le père.
La place du père par les liens de filiation s’inscrit dans le domaine social et dans un espace culturel donné.

La place du père en tant que "nom du Père" s’inscrit dans l’espace du symbolique.

Nous sommes dans l’ordre de la Parole.

Prenons l’exemple de la famille adoptive.
Dans le cadre de l’adoption plénière au sens juridique, c’est-à-dire celle où les parents inscrivent sous leur nom "cet enfant-là". Cet homme-là est réellement le père de cet enfant-là : c’est le père légal. Cette femme-là est réellement la mère de cet enfant-là : c’est la mère légale.

Pour que cette adoption légale soit pleinement réussie, il est nécessaire en plus que l’enfant lui-même adopte affectivement ses parents légaux, de même que les parents légaux adoptent affectivement cet enfant-là.

Au delà de l’aspect légal, l’adoption est affective et réciproque.

Adopter en vérité, c’est pour l’enfant reconnaître que cette femme-là et cet homme-là sont ses parents.

Adopter en vérité, c’est pour les parents reconnaître que cet enfant-là est le leur.
Cette adoption, en vérité, existe pour tous les parents. Il y a un temps pour la reconnaissance légale, et un temps pour l’adoption qui n’est pas forcément le même que celui de la reconnaissance légale :
Dans ce sens il n’y a de parents que d’adoption.

"Qui est mon père et ma mère, sinon tous ceux qui écoutent la Parole de Dieu".
(Saint Marc - Chapitre VI, verset 35.)
Cette parole illustre l’importance dans toute vie de l’adoption en vérité. Nous sommes tous des enfants adoptés.

Tout enfant à partir de la naissance porte son attention sur l’homme, qui est alors présent dans le discours de la mère et le premier mot qu’il prononce plus tard est souvent "papa".

Tous les autres hommes sont aussi des papas, même s’il a son papa à lui. Si pour diverses raisons d’autres hommes viennent à être les compagnons de la mère, c’est à ce moment de l’adoption affective réciproque que le jeune s’autorisera à redire le mot "papa", dans les premières années si la mère le permet, c’est-à-dire s’il existe dans son désir, et par la suite même si la mère ne le permet pas.

Le nom du Père comme source pour tout homme, de sa paternité et qui fonde le père entant que tel. Celui que tout jeune porte intérieurement et qui lui permettra de trouver la source de son propre engendrement.

Un homme n’est pas père parce qu’il a un enfant. Il est père lorsqu’il s’inscrit dans l’ordre du Père..

Nous venons de parler des figures de la mère et de celles du père de façon analytique et abstraite. Tout cela, bien sûr, prend sens pour tout être humain et pour chaque enfant, non dans une énumération ou dans une chronologie, mais dans son histoire que le sujet cherche à se réapproprier à travers la Parole.

Quatrième de couverture

Si éduquer consiste à plaquer un savoir, à normaliser des individus, à produire du citoyen utile, alors l’éducation devient un énorme mensonge. Avec d’autres Ecoutants-Parlants, l’auteur, psychanalyste, a refusé cette belle façade et a accepté de rencontrer des jeunes, à égalité de parole. Cette parole qui vient ouvrir des brèches dans le conformisme, cette parole qui se découvre et donne la possibilité pour un sujet de se reconnaître, ouvre la voie de l’Humanisation. Ce livre représente le témoignage " sur pièces " de la mise en oeuvre de cette parole.


Langue : Français
Éditeur : Chronique sociale (1 mars 1994)
Collection : Collection "L’Essentiel"
Format : Broché - 197 pages
ISBN : 2850081825
Dimensions (en cm) : 2 x 16 x 22