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L’Observatoire des inégalités exprime ses inquiétudes

Prévention de la délinquance : inquiétudes et amalgames

jeudi 29 janvier 2009, par Jeanne HILLION

Prévention de la délinquance : inquiétudes et amalgames

9 février 2006 sur le site de L’Observatoire des inégalités

Les travaux préparatoires du projet de loi sur la prévention de la délinquance font craindre la mise en place d’une politique ultra-sécuritaire, et de désengagement de l’Etat sur les questions de justice sociale. L’analyse de Pierre Billion, sociologue à l’Université de Tours.

"projet jugé liberticide et avant tout répressif, qui inciterait à la délation organisée par la loi et instituerait un contrôle social étroit des fractions les plus en difficultés de la population."v

Tous partenaires : la fin du secret professionnel

- La première contradiction concerne bien sûr le secret professionnel et touche de plein fouet les travailleurs sociaux

- La deuxième contradiction tient à la nature des informations partagées.

- Une troisième contradiction, qui confine à l’amalgame, tient à la définition des populations à risques :

La définition de populations à risques

- Quelles sont donc ces familles et ces personnes rencontrant des difficultés diverses pouvant conduire à des comportements délinquants ? La commission « prévention » du Groupe d’Etudes Parlementaire sur la Sécurité Intérieure (GEPSI), présidée par Jacques-Alain Bénisti, député UMP du Val-de-Marne, va plus loin que le Front National dans l’affirmation de l’équation immigration = délinquance.

- Quelques morceaux choisis doivent être cités pour que le lecteur prenne la mesure de ce rapport qu’on peut considérer comme une des épures du futur projet de loi sur la prévention de la délinquance :

le bilinguisme est défini comme une maladie, une pathologie qui doit faire l’objet de soins préventifs dès la prime enfance.

Criminalisation de la pauvreté et de l’immigration

- On ne trouve nulle tracede l’insécurité sociale comme facteur explicatif de la déviance et de la délinquance.

- S’il est plus nuancé et plus sérieux que le rapport Bénisti, un autre rapport sur la sécurité des mineurs, remis au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur fin avril 2005 par Marie-Thérèse Hermange (sénatrice de Paris),

- Le rapport Hermange entretient au long de 207 pages une certaine confusion entre mineurs en danger et mineurs délinquants.

Vers une médicalisation ?

Scientifique et rationnel en apparence, ce discours peut séduire.

- Certains psychiatres proposent en effet un repérage précoce des troubles du comportement et, à première vue, donnent un écho troublant aux projets politiques.

- Les métaphores “d’Orange mécanique” ou de “Big brother” utilisées ici ou là, pronostiquant l’avènement d’une société d’ordre où médecins, travailleurs sociaux, éducateurs et policiers seraient les agents d’un totalitarisme sécuritaire, sont utilisées de façon trop facile.

- La notion même de “trouble des conduites”, fort extensive, est considérée comme un concept fourre-tout par les psychiatres d’influence psychanalytique.

un repérage systématique et le pouvoir donné aux experts médicaux, pour éviter ses éventuels effets pervers.

la “psychopathologie des banlieues”,

Quelques questions apparemment trop simples

Dans le contexte actuel de surenchère sécuritaire, plusieurs questions ne semblent finalement plus posées alors qu’il serait nécessaire d’y trouver des réponses politiques.

- La première peut même concerner les cas de délinquance grave et de pathologies : pourquoi les individus ayant des tendances psychopathiques sont plus souvent des pauvres ? - Question à laquelle il est certes difficile de répondre mais que nous aurions collectivement tort, pressés par l’urgence, de ne pas nous poser. [7]
- La seconde concerne la tendance actuelle à considérer toute manifestation agressive comme une pathologie. Ne peut-on pas lire dans cette violence, tout en s’attachant au respect des droits des personnes et à la défense des droits des victimes, une révolte contre la société qui, par l’ampleur et la violence des processus d’exclusion qu’elle génère, fait naître de profondes frustrations ? Il ne s’agit pas de trouver, comme le pense M. Sarkozy, une “excuse sociologique” à la délinquance. Il s’agit de souligner que la violence est, en effet, inversement proportionnelle à l’intégration sociale. Enfin, n’oublions pas, comme l’écrit le sociologue Laurent Mucchielli, que « lorsqu’un individu est confronté chez autrui à une agressivité dont il ne comprend pas les ressorts, il lui est commode de désigner cet Autre comme ‘fou’ s’il emploie le langage le plus ordinaire, ou comme ‘psychopathe’, s’il veut employer un mot d’apparence savante ». [8]

Sans attendre le dépôt d’un éventuel projet de loi ni les raccourcis démagogiques d’une future campagne électorale, il convient de prendre conscience de la lente montée en cohérence de cette idéologie sécuritaire. Il est encore temps d’y résister en montrant combien l’augmentation des inégalités sociales (ces facteurs dits environnementaux ou contextuels dans les études de psychiatrie) reste l’un des ressorts, voire le creuset de la délinquance. C’est bien sur ces inégalités que le débat public et l’action politique devraient porter.

Pierre Billion est membre de l’Observatoire des inégalités, Maître de conférences en sociologie (IUT Carrières Sociales) à l’Université de Tours et membre du conseil d’administration de l’APSER, équipe de prévention à Joué-lès-Tours (37).

[1] Déclaration du ministre de l’intérieur le 9 septembre 2005 devant les préfets.

[2] Révélé le 19 décembre 2003 par le Nouvel Observateur.

[3] On parle aussi de cellule d’alerte, d’observation sociale, etc. Parmi les communes « innovantes » : Vitry-le-François, Orléans, Chambéry, Tarbes et, potentiellement, les 24 sites pilotes désignés pour conduire des expérimentations en matière de sécurité.

[4] Le rapport Bénisti est téléchargeable sur le site du Centre d’initiative et de réflexion pour la défense des libertés (CIRDEL) de Lyon. Pour une analyse critique du rapport : cf. Pierre Billion, "Prévention, criminalisation de l’immigration et déni des inégalités" sur Oasis, le portail du travail social.

[5] Déclaration du ministre lors du débat à l’assemblée nationale, le 14 janvier 2003.

[6] Etude consultable sur le site de l’INSERM : http://www.inserm.fr .

[7] Précisons au passage que les délinquants aussi sont plus souvent des pauvres. Afin de parer à tout amalgame, faut-il préciser encore que tous les délinquants ne sont pas fous, que tous les pauvres ne sont pas délinquants et que tous les pauvres ne sont pas fous... ?

[8] Laurent Mucchielli, “Quelques réflexions critiques sur la ‘psychopathologie des banlieues’”, VEI Enjeux, n° 126, 2001.

Données générales

Pauvreté

Patrimoine

Salaires

Conditions de vie

Divers
Le système éducatif

Niveau, difficultés scolaires

Education et emploi

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Revenus du travail

Statut, contrats de travail

Divers
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Catégories sociales
Couple, famille

Culture

Logement

Loisirs

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Divers
Revenus

Education

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Conditions et modes de vie

Divers
Conditions de vie

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L’Observatoire des inégalités dispose d’un conseil scientifique qui participe à la collecte d’informations et oriente les publications. Les articles publiés par l’Observatoire n’engagent pas les membres du conseil.

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Stéphane Beaud Sociologue, Professeur de sociologie à l’Université de Nantes
Pierre Billion Sociologue, maître de conférences à l’IUT de Tours
Louis Chauvel Sociologue, Professeur à l’Institut d’études politiques
Gwénaële Calvès Juriste, professeur de droit à l’université de Cergy-Pontoise
Denis Clerc Fondateur et conseiller de la rédaction du magazine Alternatives Economiques
Julien Damon Sociologue, directeur du département des questions sociales du centre d’analyse stratégique
Olivier Donnat Sociologue, chargé d’études au ministère de la Culture
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Marc Fleurbaey Economiste, Directeur de recherches au CNRS (CERES)
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Pierre-Noël Giraud Economiste, Professeur à l’Ecole des mines de Paris
Florence Jany-Catrice Economiste, maître de conférence à l’université de Lille I
Margaret Maruani Sociologue, directrice de recherche au CNRS (Iresco)
Eric Maurin Economiste, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
Dominique Méda Philosophe, chef de la mission animation de la recherche au ministère de l’Emploi
Laurent Mucchielli Sociologue, chercheur au Cnrs (Cesdip)
Roland Pfefferkorn Sociologue, professeur à l’université March Bloch de Strasbourg
Thomas Piketty Economiste, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
Monique Pinçon-Charlot Sociologue, directrice de recherche au Cnrs
Christophe Ramaux Economiste, maître de conférences à l’université de Paris I
Christophe Robert Sociologue, responsable des études à la fondation Abbé Pierre
Serge Paugam Sociologue, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
Patrick Savidan Philosophe, maître de conférences à l’université de Paris IV
Pierre Volovitch Economiste, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales

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